L'allumeur de réverbère
La consigne c'est la consigneQui est l’allumeur de réverbère dans Le Petit Prince ?
Crédits : Succession Saint Exupéry-d’Agay
L’unique habitant de la cinquième planète que visite le petit prince est différent de ceux rencontrés précédemment car « son travail a un sens » . Mais, appliquant aveuglément une absurde consigne, celui-ci se trouve pris au piège en devant allumer et éteindre son réverbère à chaque minute de la journée.
La minuscule planète de l’allumeur de réverbère ne pouvant malheureusement accueillir deux habitants, le petit prince quitte à regret cet homme qui aurait pu devenir son ami et ne peut s’empêcher de penser aux mille quatre cent quarante couchers de soleil qu’il aurait pu admirer quotidiennement.
Analyse approfondie du personnage
En poursuivant son voyage, le petit prince arrive sur une minuscule planète, juste assez grande pour loger un réverbère et un allumeur de réverbères. Ce qui aurait pu être un travail facile pour le seul habitant de l’astéroïde B-329 s’avère en réalité être un cauchemar.
Depuis que la planète tourne de plus en plus vite, à raison d’un tour par minute, l’allumeur de réverbères n’a plus une seconde à lui : il doit allumer et éteindre l’unique réverbère comme le veut la consigne. N’ayant plus le temps de dormir, il est donc totalement harassé.
Cet homme serait probablement méprisé par le roi, le vaniteux, le buveur et le businessman, toutefois le petit prince respecte l’effort fourni par cette grande personne qui s’occupe d’autre chose que de lui-même. Il aurait même pu en faire son ami.
Certains pourraient imaginer que la vie de l’allumeur de réverbères est absurde mais pour le petit prince elle l’est moins que celles des habitants des précédentes planètes car son travail a un sens.
« Quand il allume son réverbère, c’est comme s’il faisait naître une étoile de plus, ou une fleur. Quand il éteint son réverbère, ça endort la fleur ou l’étoile. C’est une occupation très jolie. C’est véritablement utile puisque c’est joli. »
Malgré son apparente simplicité, ce personnage est finalement assez mystérieux. Nous pouvons en effet nous demander pourquoi l’allumeur de réverbères se cache inéluctablement derrière la consigne.
S’agit-il d’une personne « exploitée » ou au contraire d’un homme zélé qui se réfugie obstinément derrière le règlement et le devoir ? Dans le premier cas, l’allumeur de réverbère pourrait incarner le monde ouvrier et l’on pourrait donc percevoir à travers lui une critique du monde du travail. Mais, si l’on envisage les choses différemment (et n’oublions pas qu’Antoine de Saint-Exupéry a écrit Le Petit Prince durant la seconde guerre mondiale), cela pourrait être une manière pour l’auteur de pointer du doigt l’obéissance aveugle et notamment tous ces hommes devenus tyrans au nom du devoir et de l’obéissance.
Les gens qui travaillent dans le domaine de l’immigration devraient lire cette fable. Cela leur donnerait matière à réflexion pour trouver des solutions plus humaines plutôt que d’appliquer bêtement les règles rigides gouvernementales.
Définitivement mon personnage préféré.
Le seul qui inspire confiance au Petit Prince.
Tout comme les astronautes dans la station spatiale internationale, l’allumeur de reverbère voit de multiples couchers de soleil.
Il se sacrifie à sa tâche pour que la lumière soit.
« Quand il allume son réverbère, c’est comme s’il faisait naître une étoile de plus, ou une fleur. Quand il éteint son réverbère, ça endort la fleur ou l’étoile. C’est une occupation très jolie. C’est véritablement utile puisque c’est joli. »
Un des plus beaux passages – parmi tant d’autres – du livre.
Ce livre mériterait tellement une adpatation filmographique en réel digne de ce nom.
Que la vie vous berce.
Emmanuel Buriez